Au tout début
Mes premiers souvenirs musicaux doivent tourner aux alentours des années 1960. Sur la radio à lampes de mes parents on "matraquait" Édith Piaf et son "Milord", Bourvil et sa "Salade de fruits". Dans mes souvenirs chaque chanson est liée à des images précises de mon passé, à l'instar des films historiques illustrés par de la musique "d'époque". C'est pour moi très émouvant, voire obsédant... Est-ce normal docteur ?..
Plus tard il y eut Sacha Distel, les "grands" de l'époque venant quémander à mon père qui était électricien du fil électrique pour réaliser les indispensables scoubidous, oubliant que les dits fils avaient du cuivre à l'intérieur et que c'était très difficile à enlever... Un pique-nique au bord d'un canal par un beau dimanche resurgit dans mes souvenirs au son de "Hello le soleil brille" chanté par Annie Cordy. Les petites voisines et leurs hulla hop, ma cousine rabâchant inlassablement "si t'as été à Tahiti t'as pas pu y aller en bateau" reliaient constamment mon quotidien à la chanson populaire. Ces musiques, même les plus indigentes sont pour moi aujourd'hui porteuses d'une émotion profonde.
Dans ces temps lointains "Le clair de lune à Maubeuge" se disputait la vedette avec l'éclipse solaire "du siècle" tandis que sur le tout nouvel électrophone familial Montand flânait inlassablement sur les grands boulevards. Que dire de l'impact sur mes "souvenirs-souvenirs" d'un nouveau chanteur soulevant une réprobation unanime de la part des adultes : Johnny Hallyday ? On parle sous les préaux de Billy Bridge, tandis qu'un instituteur efface rageusement les derniers "OAS" peints sur les platanes de l'école. - Je t'assure, me dit Guy, je l'ai bien vu sur scène au "Cyrano", Johnny joue avec une guitare en or, et nous tous oscillant entre l'incrédulité et l'admiration...
La mode était aux cagoules : outre les sinistres activistes de l'Algérie française celles des Pénitents de Danny Boy et du catcheur "le Bourreau de Béthune" défrayaient la chronique. Mes dernières récrés à l'école primaire furent rythmées par Sheila annonant "l'école est finie". Un jour j'ai acheté au détriment de mes économies mes deux premiers 45 tours : "Johnny à Nashville" et "Viens danser le twist". Je n'appréciais guère Johnny (cela n'a pas changé depuis) ce qui me plaisait c'est que cette musique "chauffait" et puis, c'était "l'idole des jeunes" !
Je revois sur l'unique chaîne de télé Jacqueline Caurat annonçant "un concert de nos amis les Animals, dont la musique reste cependant réservée à des spécialistes et risque de déranger certains téléspectateurs". Je vis pour la première fois un vrai groupe mais à l'époque je n'étais pas encore "prêt" pour apprécier du véritable rythm and blues. À la fin du concert Éric Burdon eut une syncope ce qui à dû "indisposer" quelques millions de téléspectateurs de plus (une seule chaîne).
Jean Nocher, le chantre de la propagande radiophonique gaullienne après avoir fustigé "les voyous de la Nation (1)" parla un jour lors de son cours de morale radiophonique d'un quatuor musical anglais scandaleux aux cheveux longs et générant une indécente et grotesque hystérie collective de la part des jeunes anglaises : les Beatles.
Le choc de la pop
Ma petite voisine m'initie (faute de mieux) à l'émission "Salut les copains" qui, à 16 h 30 sur Europe I, m'offrit une agréable alternative aux devoirs scolaires durant les années qui suivirent. Dans un premier temps je récupère le vieux poste de radio familial remplacé par un moderne et convoité transistor : pour moi c'est là que tout à vraiment commencé. Les souvenirs auditifs de cette époque guident souvent mes recherches, notamment de EP. C'était le règne des yéyés : Johnny, Sylvie, Sheila, Monty. Le rock anglo saxon, bien que systématiquement pillé était quasi-invisible. SLC c'était des "jingles" somptueux : " SLC yéyéyéyé SLC ! Le coooin du spééécialiste ! " Cette rubrique avait pour but de dévoiler les "originaux" des tubes massacrés par nos "gibiers de 45 tours" (dixit JC Averty) et là quel choc ! Quel son ! À dose homéopathique les Beatles, plus tard les Stones, quasi underground sur les médias : là je prenais mon pied ! Petit à petit je devenais friand de sons de plus en plus délirants. C'était l'époque des premières "fuzz boxes", géniales distorsions des intros ("Satisfaction", "Gimme some lovin") tout était nouveau, chaque nouveau disque des grands groupes inventait quelque chose, créait un nouveau style dont on s'inspire encore. Malgré un prix "prohibitif" (9 nouveaux francs le 45 tours EP) le seul moyen de se régaler de pop naissante était le vinyle. Pas d'émission rock, rien à la télé et à la radio. Progressivement sur SLC on entend cependant Otis Redding, les Beatles mais uniquement les grands succès.
Nouvelle étape : je récupère le tourne-disques qui était au premier et l'installe dans ma chambre près du vieux "Thomson" à lampes sur la grande table qui devait "théoriquement" me servir à faire mes devoirs. Les deux EP Johnny sont complètement ignorés. Antoine vient de déclasser définitivement Johnny dans mon hit-parade personnel avec ses élucubrations et son look beatnik.
Un jour de folie je rassemble neuf francs, je me rend à pied dans un grand magasin et je fais l'acquisition de "Ha ha said the clown" de Manfred Man. puis ce furent les Beatles bien sûr, les Stones, Hendrix, les Beach Boys... seulement des 45 tours. Déjà les EP disparaissent et commencent à être remplacés par des singles (Good vibrations, Have you seen your mother) à 7 nouveaux francs la pièce tout de même !
Mon souci était les cheveux longs. Comment expliquer ce phénomène ? Un jeune les cheveux dans le cou faisait se retourner les passants dans la rue. Nous avions tous la coupe GI, les coupes dites au rasoir n'existaient pas. La moindre mèche de cheveux rebelle était considérée comme une provocation par les adultes, elle était la marque visible qu'ils n'arrivaient pas à "tenir" leur progéniture et était à ce titre intolérable. J'en ai longtemps voulu à mes parents de m'avoir empêché d'avoir les cheveux "vraiment" longs et pourtant cela ne m'allait vraiment pas (Serge, t'as les cheveux comme des poils de c.. !) En fait, comme maintenant, parents et enfants s'affrontent pour se conformer à des conventions mais à l'époque je pense que ce phénomène était vraiment nouveau. Pour exemple les vinyles autrefois n'intéressaient que les adultes alors que les jeunes les trustent et imposent leurs vedettes qui écrasent Brel, Brassens, Aznavour. Les chansonniers du " Grenier de Montmartre " ont beau chanter "on entend maintenant une pucelle de treize ans nous chanter les tourments de l'amour..." le baby boom s'impose musicalement en attendant de tenter de faire la révolution. Jean Nocher n'en finit pas de s'indigner sur la Beatlemania, sur les pots de yaourts contenant l'haleine des Beatles, les morceaux de draps achetés comme des reliques, les cinq Stones louant CINQ ROLLS pour leur concert parisien ! Un autre moyen d'écouter de la pop c'est le juke-box. Celui de l'Odéon (2) contient des morceaux très intéressants : Kinks, Hendrix, Beach Boys... Puis ce fut l'émission "le Pop club" sur France-Inter sur laquelle entre beaucoup de bla-bla on pouvait entendre Black Sabbath, les Who... et surtout l'éphémère mais pionnière émission TV "Bouton rouge". Une fois par semaine une heure de pop sur la TV. Premières émissions : lives des Moody blues, Procol Harum, Cream, Julie "Jools" Driscoll !
Un jour de débauche financière j'achète environ 20 nouveaux francs mon premier LP une compil intulée "Psychedelic" avec une pochette effectivement délirante dans laquelle on présente notamment un duo américain "prometteur " Simon et Garfunkel...
Mai 68 arrive (3) le folk déjà présent avec la guerre du Vietnam cohabite avec la chanson française engagée. Plus tard la seule boîte de ma ville "le Galion", vieille péniche " transformée " en un galion kitsch, amarrée près du centre ville et dont les flancs vibraient des sons sauvages distillés par un disquaire psychédélique. On y entendait Led Zep, James Brown, Stones, Chicago, Eddie Floyd, Sam and Dave, Creedence Clearwater revival, surprenant car ces morceaux n'étaient pas forcément dansants, le disco allait bientôt hélas être inventé. Moi et quelques copains passions beaucoup de temps au fond de cette cale bruyante et enfumée (bonjour les normes de sécurité !)
Autre nouveau moyen d'écouter de la pop : le cinéma. Quelques films d'avant garde proposent de courtes séquences pop : Blow-up (Yardbirds), Zabriskie point (Grateful Dead...), More (Pink Floyd) puis quelques documentaires pop purent être visionnés d'abord "Monterey Pop" et surtout "Woodstock" qui marque pour moi l'apogée de la pop avec Hendrix, les Who, Janis Joplin au sommet de leur art. Dans les années post 68 se développent le celtique (Alan Stivell, l'occitan (Marti). J'achète de temps en temps quelques 33 tours : Janis Joplin, Doors, Jefferson Airplane, Jeff Beck, John Mayall...
Plus tard ce fut l'armée où je constate que le "combat" des cheveux longs perdure. Bien que j'arrive avec les cheveux courts une « crevure d'engagé » m'entaille l'oreille avec ses ciseaux tant il s'excite sur mon crâne. Dans "ce monde terrible(4)" et après les décès en cascade de stars pop, "ex fan des sixties" la pop commence à sortir de mes préoccupations. Après l'armée, je me marie, ma vie de famille m'occupe à plein temps. De ci de là j'achète quelques disques (Ange, Malicorne, Stivell). Et puis un jour la fabrication des vinyles s'arrête, remplacée par les CD. Ce support ne me plaît guère : plus de grandes pochettes souvent décorées de façon somptueuse. Un temps j'enregistre des CD de location sur une platine cassettes . Les nouvelles vedettes pop me plaisent moins. Leur musique me paraît récupérée, elle à droit de cité dans tous les médias, est honorée, banaliséee. Elle n'a plus d'attrait pour moi et je m'en désintéresse.
Retrouvailles avec le vinyl
De nouvelles années passent, la vie continue, et un jour je ne sais comment j'entre dans un dépôt-vente. Je découvre avec surprise un vaste rayon couvert de vieux vinyles et achète une réédition "Tom Jones" avec des hits des années 60. Je réalise qu'à peu de frais je pourrais me constituer une discothèque et je commence à faire les "trocantes" et à engranger des disques. Dans un premier temps j'accumule des disques des années 75-85 les plus faciles à trouver. Dans l'euphorie de mes retrouvailles avec le vinyl je ne suis pas, pour l'instant, trop difficile. Petit à petit mes recherches se tournent vers les vide-greniers et brocantes hebdomadaires. Mon plus grand plaisir était et reste après l'achat d'un vieux 45 tours yéyé d'écouter un de ces morceaux qui me faisaient rêver il y a maintenant près de quarante ans et que je n'ai pas entendu depuis. Certaines chanteuses comme France Gall, Annie Philippe, Jacqueline Taïeb, Marianne Faithfull (qui édita quelques disques en français) meublaient mes premiers fantasmes d'ado... pour des raisons différentes j'appréciais Ronnie Bird, Noël Deschamps, Éric Charden. Au-delà de mes propres souvenirs audio j'ai appris à apprécier aussi les vieux disques des années 1950, même si j'étais trop petit durant ces époques j'ai découvert progressivement tout un florilège d'artistes oubliés qui m'ont fait assimiler mes recherches dans les brocantes à de l'archéologie sonore. Je fouille dans les couches de vieilleries et mes découvertes, que je dois restaurer parfois, me font remonter dans l'histoire de la musique populaire. Des morceaux de musique que je dédaignais autrefois au nom du conflit des générations (Dalida, Aznavour...) d'une sorte de snobisme qui veut que l'on méprise tout ce qui est " commercial " m'intéressent aujourd'hui. J'ai donc appris (sur le tard) à respecter toute musique ne serait-ce que parce qu'elle a fait rêver de nombreuses personnes. Les inscriptions naïves retrouvées sur les pochettes sont souvent très touchantes. Progressivement, quarante ans après, les disques que je ne pouvais pas me payer garnissent mes bibliothèques... (5)
Disques de collection ou disques pour écouter ?
Comme tout vinylmaniaque les disques que je préfère sont des originaux. Prenons un album d'un chanteur, groupe : en cas de succès des rééditions sont éditées qui sont dépréciées par rapport à l'original. Les chansons contenues dans ce disque peuvent être rassemblées dans un florilège édité par le même éditeur, et/ou par une firme ayant acheté les droits à peu de frais, généralement lorsque les chansons tombent dans l'oubli. De la même façon on peut retrouver certaines de ces chansons réunies dans une compilation de différents artistes. Toutes ces déclinaisons minorent la valeur pour un collectionneur mais ont tout de même un intérêt : elles permettent d'écouter des enregistrements parfois rares pour un prix plus que modique. Ma collection est donc composée de deux grandes catégories de disques : les originaux et les disques "pour écouter". J'apprécie une réédition dans la mesure où la pochette est identique à l'original et qu'elle est de très bonne qualité. Il existe aussi, pour les disques mythiques de vraies copies conformes, avec les mêmes références et véritables pièges pour les acheteurs qui "paient le prix" ce qui heureusement est loin d'être mon cas.
Le rituel de l'estimation du prix des disques
Comme tous les objets anciens la valeur des disques est très difficile à définir. D'abord quel sens donner au terme valeur ? L'argent n'est pour moi qu'un indicateur m'indiquant la rareté. Je n'achète généralement qu'à bas prix, si je le souhaitais je pourrais auprès de marchands spécialisés m'acheter des pièces prestigieuses mais où serait le plaisir ? Souvent pour deux euros je tombe sur un original de Janis Joplin, des Doors, émotion... Pour un faible investissement je peux me payer des heures de remontée dans le temps. Arrivé chez moi je vérifie les références des disques supposés rares. Vu les prix que je paie de toutes façons, même si le disque a peu de valeur je ne suis jamais perdant. Les rares fois où je paie plus cher je suis en plus obligé de comparer avant mon achat avec les cotations ce qui est fastidieux. Il y a la valeur "officielle" telle qu'elle se pratique dans les conventions de disques, chez les marchands spécialisés et sur les sites vendant des disques sur le web et la valeur "débrouille" dont profitent de nombreux amateurs, dont votre serviteur ainsi bien sûr que les professionnels lorsqu'ils sont acheteurs sur les vide greniers. Dans ce cas la "cote" varie entre 1 et 5 euros !
Pour en revenir à l'estimation, une fois le prix à l'état neuf défini, le plus dur reste à faire : estimer le pourcentage de "vétusté" qui va diminuer le-dit prix. J'ai remarqué que certains marchands professionnels examinent attentivement le disque et définissent UNIQUEMENT leur prix sur l'aspect visuel. J'ai pourtant acheté certains disques à l'aspect immaculé et qui émettent des craquement à l'audition et à l'inverse d'autres pourvus de rayures et qui s'avèrent très satisfaisants au niveau du son. Le type de musique joue aussi : la musique "hard" passera mieux alors que le "planant", "progressif" est évidemment plus vulnérable... De plus, il paraît illusoire d'imaginer un disque des années 60 coté "Mint" (neuf) -: la pochette a nécessairement jauni, le son est altéré vu les rustiques pointes de lecture antérieures aux chaînes hi-fi dites "charrues". L'arrivée tardive et progressive le la pointe avec force d'appui réglable seule a pu limiter les dégâts et faire que certains disques des années soixante-dix soient ou approchent l'état "Mint". Le disque a toujours été un produit cher et le-cadeau-qui-n'a-jamais- été-écouté ou le-reste-du-magasin-qui-a-fait-faillite sont de l'ordre du fantasme surtout lorsqu'il s'agit d'artistes "yéyés" au tirage ultra-confidentiel !
Pour résumer, j'estime donc la vétusté des disques essentiellement en fonction de la qualité sonore, l'état de la pochette et du disque sont également pris en compte mais de façon secondaire.
Le plaisir de chiner
La brocante c'est tout un univers pittoresque, un véritable phénomène de société. Les manifestations ouvertes aux particuliers sont de plus en plus nombreuses malgré les pressions des brocanteurs et antiquaires professionnels. Espace de convivialité où les bons et mauvais côtés de l'Homme de dévoilent. À peine arrivé, le collectionneur ressent une excitation qui ne le quittera que lorsqu'il aura fait le tour de tous les stands. Certains, souvent des antiquaires (ceux qui critiquent les vide-greniers), sont là dès le matin, les marchands n'ont même pas le temps de vider leur voiture que déjà des pièces partent. Ce côté rapace n'est pas très attrayant mais n'est qu'un aspect de la brocante. Le simple promeneur peut se régaler en observant les dialogues/marchandages savoureux, s'étonner de la multiplicité des objets vendus. Le collectionneur "civilisé" peut dialoguer avec certains de ses semblables, nos histoires peuvent se comparer à celles des pêcheurs, chacun à des pièces rarissimes qu'il a payé 1 petit euro... La réalité est que depuis cinq ans, les pièces les plus prestigieuses que j'ai pu acheter n'excèdent pas 300 francs mais j'en possède quand même une bonne quantité... [Nota. Nous étions en 2002... depuis, j'ai déniché pas mal de pièces ayant une cotation beaucoup plus élevée... ] On est amené également à cotoyer quelques "malades" l'air fiévreux qui vous bousculent presque lorsque vous fouillez trop longuement dans un bac plein de disques et qui piaffent derrière vous. J'espère que je ne deviendrais jamais comme eux...
Quatre types de marchands pour les vinyles :
1.- Le particulier : c'est de loin le plus intéressant. Il veut se débarrasser de ses vieilleries : un ensemble hétéroclite objets cassés, antiquités, livres, disques... Il n'a qu'une idée qu'approximative de ce qu'il vend. Il va soit vous demander très cher pour des choses inintéressantes, soit carrément donner des pièces rares (dans ce cas-là c'est le pied !)
2. - Le particulier semi-pro : en général il vend des livres, disques, antiquités mais sélectionnés en fonction de la demande, les prix sont plus élevés mais cependant en général moins élevés que chez les spécialistes en magasin, les disques en meilleur état et parfois très intéressants.
3. - Le collectionneur " Dealer " : il prend son pied en trouvant des disques et en revend tout en approvisionnant éventuellement sa collection. Pour ma part je ne me vois pas vendant un disque rare ! Les prix sont généralement élevés, mais parfois, lorsqu'ils sont spécialisés rock par exemple, ils vont solder des disques d'autres genres musicaux pourtant très rares mais qu'ils dédaignent.
4. - Le professionnel : il vend des disques sur les foires et marchés ; l'écart de prix est généralement faible avec les magasins d'occase-disques chez lesquels on peut revenir pour réclamer...
Que trouve-t-on le plus fréquemment ?
De tout, énormément de choses sans intérêt mais sur la quantité il y a toujours quelque chose qui vaut le déplacement. Les meilleurs plans sont la variété, le jazz. Les disques de pop sixties sont rares, souvent chers mais on en trouve aussi. Souvent les disques de Johnny Hallyday, Mylène Farmer, Elvis Presley, sont généralement chers, pourtant certains d'entre eux sont très communs.
Les foires aux disques
Les foires aux disques peuvent être intéressantes pour plusieurs raisons. D'abord on peut admirer des pièces somptueuses, le choix est immense mais les prix sont très élevés. La concurrence entre tous ces marchands côte à côte, le fait que tous ne sont pas professionnels, l'art du marchandage, permettent pourtant toujours de faire une bonne affaire mais, c'est sûr, on dépense plus que sur les vides-greniers... Là aussi on peut discuter avec d'autres collectionneurs, de plus en comparant les prix affichés des disques que l'on possède on peut affiner ses estimations et réaliser avec vanité que " j'ai acheté le même pour rien". Les disques ont aussi leurs " consommables " étuis plastiques, sachets intérieurs en papier, produit nettoyants, antistatiques qui fleurent bon l'arnaque... Pour résumer, deux ou trois fois par an c'est bien suffisant.
Ma page perso : un besoin de convivialité...
Depuis début 2003 je me suis lancé dans "l'aventure" de la création d'une page perso. La première version était conçue en deux parties d'égale importance. Une consacrée aux disques, l'autre en espace de libre expression. Rapidement j'ai relégué la libre expression en annexe et orienté le site vers la collection de vinyles. Malgré de nombreuses lacunes techniques, petit à petit j'ai abouti à la version actuelle du site que je fais évoluer constamment. Mon hobby prit alors une nouvelle dimension interactive qui devint rapidement "duale". Je veux dire que créer et surtout faire vivre un site web amateur est en fait un nouveau loisir qui même s'il interfère avec le disque vinyle est différent. Le souci constant est l'audience que l'on vérifie constamment avec des sites spécialisés : gloriole ? besoin de communication ? de création ? de reconnaissance ? Esprit de compétition ? Altruisme ? Sans un doute un savant mixage de toutes ces motivations me pousse à passer des heures sur ce maudit "Vinylmanique.com"...
Pourquoi devient-on vinylmaniaque ?
C'est un vaste sujet sur lequel je suis loin d'avoir une réponse précise. Ma première motivation est la nostalgie : peut-être ai-je l'impression que le temps passe trop vite et que j'essaie de revenir en arrière ? À mes souhaits de contacter une association de collectionneurs de disques un de mes " confrères " me dit : " Il n'y a aucune chance que cela existe, les collectionneurs sont des gens seuls, individualistes ". Effectivement il me semble que cette remarque est pleine de bon sens quand j'observe les vinylmaniaques, moi y compris ! Nous pratiquons un "plaisir solitaire" mais pas solidaire. Je pense que comme toute chose c'est l'excès, l'obsession qui sont anormaux et illustrent le transfert affectif qui peut se produire dans ce genre de loisir. L'accumulation peut révéler une sorte de dérèglement mental : heureusement je me surveille ! C'est sûr, il y a beaucoup d'affectif dans tout cela. Dans les brocantes si la tête du vendeur "ne me revient pas" je préfère ne pas acheter, même s'il propose des choses intéressantes, à l'inverse il m'arrive souvent d'acheter à un marchand particulièrement pittoresque et sympa même s'il me propose des choses moyennement intéressantes...
Notre société nous bombarde d'images, de sons, de livres cela va trop vite pour tout apprécier. Pour preuve cette foule d'artistes oubliés que je découvre sur une période d'une vingtaine d'année. Nous vivons une culture "Reader digest" et notre démarche est certainement une réaction contre cet état de fait. Le fait de ne pas "consommer" du CD comme tout le monde trahit notre malaise face aux modes éphémères et à la dictature des médias et certainement une difficulté à gérer le temps qui passe...
Pour conclure et prendre congé je vais passer aux travaux pratiques et mettre une galette sur ma platine on ne change pas à 53 ans !
Le 7 octobre 2002.
Mis à jour le 12 octobre 2004.
(1) Un grand concert eu lieu place de la Nation à Paris, organisé par Europe I. Toutes les vedettes importantes yéyé de l'époque y participèrent. Il attira une foule énorme pour l'époque et de nombreuses violences eurent lieu.
(2) L'Odéon était un vieux cinéma désaffecté de ma ville où les jeunes pouvaient se réunir. Il était rempli de flippers (que nous surnommions les "bintz"), d'un baby foot et d'un juke box. Pour une raison mal définie (probablement la mauvaise et injustifiée réputation du lieu) je n'y ai quasiment jamais vu la moindre fille...
(3) Voir mes souvenirs sur Mai 68 ["i Monde" numéros 3, 4, 5, 6]
(4) "Cette vie là" chanson de Christophe fut à ma connaissance le seul cas d'un chanteur yéyé critiquant le service militaire "(...) adieu monde terrible, tu ne me reverras plus (...)" Au sujet du service militaire voir mon article dans "i Monde" numéro 2.
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