SPECIAL "RELIQUES DU JUKE BOX DE L'ODEON
De temps en temps on trouvait dans notre lieu de "débauche(1)" préféré une grande caisse remplie de singles "d'occasion" à acheter. Ces derniers provenaient des juke-box de l'exploitant du lieu. Je sentais déjà poindre cette nostalgie qui m'habite aujourd'hui lorsque j'achetai quelques-uns de ces singles mythiques (et très fatigués par une utilisation intensive) à quelques mètres du vénérable Seeburg. Bien sûr sauf exceptions les pochettes originales avaient disparu ou étaient mélangées... Il est curieux qu'aucun de ces disques ne porte la mention "réservé aux exploitants... etc" qui caractérise les disques dits de Juke-Box... Probablement que là aussi la loi était suivie en diagonale par les exploitants au niveau fiscal en particulier n'oublions pas que nous sommes dans le Sud...Voici quatre des morceaux les plus symboliques du lieu que j'ai réussi à conserver depuis tout ce temps (le mois prochain je vous en présenterai quatre nouveaux...)

(1) Voir pages du site "Autopsie d'un vinylmaniaque" et "Mes mythes sixties"

1/Till the end of the day...
Le son sauvage et saccadé des Kinks (nous étions en plein dans la période "Jerk") matérialisait la violence qui nous habitait. Nous débarquions dans cette société et ne trouvions pour l'instant que cette musique et quelques flippers déglingués par nos soins pour nous défouler...

2/Memphis tennessee...
Cet original en public de Chuck Berry par sa diffusion même était pour nous une contestation de l'adaptation grotesque et ridicule de Johnny Hallyday. Ces basses très fortes, que l'on retrouve dans tous ces vinyles, les rendaient plus percutants via le gros haut parleur du juke-box qui grondait comme un Boeing au décollage... À noter autour du rond central cette trace circulaire noire, véritable "stigmate rock-and-rollienne" : la marque du mécanisme du juke box qui inlassablement saisissait cette petite galette que l'on retrouve moins nettement sur la plupart des disques présentés...

3/Let's go to San Francisco...
Nous préférions ce morceau des Flower pot men (ça ne s'invente pas) à "l'officiel" « San Francisco » de Scott Mackenzie. Il s'agissait là de l'évocation d'un autre monde, plus qu'imaginaire pour nous, où les gens étaient différents, celui que nous imaginions naïvement (nous avions seize ans...) exister du côté de San Francisco utopique fief de la culture hippie... Le côté incantatoire du disque lui donnait un quasi aspect religieux à rapprocher du "California dreamin" des Mamas and Papas...

4/I'm a boy...
"I was born in the city, my first name was called Jean-Marie (...) I'm a boy..." [de mémoire] Ce disque violent tout en ayant des harmonies vocales sophistiquées des Who me fit réaliser les possibilités de la pop naissante (voir "mes mythes sixties/the Who"). Pour moi « plus mod que ce morceau tu meurs »...

1/Keep on running...
La voix bluesy de Steve Winwood, le rythme saccadé idéal pour danser le jerk pour composer le hit le plus violent du Spencer Davis group.

2/Hey girl...
Les Small faces et leur leader Steve Marriot après "Sha la la lee" n'apparurent sur le vénérable juke box qu'une fois avec ce "Hey girl" en 1966. Le verso et son instrumental "Almost grown" devint quasiment plus écouté par les pensionnaires de l'Odéon suite à son utilisation comme musique d'ambiance "yé-yé" sur les radios, en particulier "Salut les copains".

3/MrTambourine man...
Les Byrds et leur adaptation du (déjà) classique de Dylan avec leur son "jingle jangle" totalement nouveau à l'époque passaient sans arrêt. Un autre morceau d'eux reçut nos faveurs "Turn turn turn..."

5/Flowerman...
Autre évocation du flower power datée de 1967, comparable au "Let's go to San Francisco" déjà présenté et qui nous plaisait pour les mêmes raisons, même disparition des Syn dans les catacombes de la pop sixties....

EN GUISE DE CONCLUSION, quelques SP français, (tout de même...)
Outre le fait qu'ils soient français, tous ces disques ont une autre particularité : en fait nous préférions leurs versos... Ils sont aussi les derniers de cette rubrique qui pourrait en présenter bien d'autres mais je l'ai intitulée "Mes premiers SP" et pas "Mes SP"...

1/Antoine : Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
Je l'ai déjà écrit mais ce chanteur, tout au moins au début de sa carrière à vraiment fait bouger la chanson française. Il y avait les "pour" et les "contre". À la différence d'un Hugues Aufray il fut vraiment quelques mois "Le Dylan français". Compositions originales et surtout mode de vie, look et philosophie "beatnick". Un jour, à notre grande surprise, on nous annonce "le nouveau disque d'Antoine : « Je l'appelle Canelle ». Et là, cruelle déception, on auditionne une chanson dégoulinante de conformisme et de mièvrerie. Le tournant était pris : « J'en avais marre d'être détesté par les gens » ; en fait il est resté toujours détesté mais les rôles s'étaient inversés ses anciens admirateurs se mirent à l'ignorer et les admirateurs d'Yvette Horner à l'aduler... A noter de nos jours la symbolique réunion d'Antoine et de Johnny autour de la défense de la cause... des fabricants de lunette !

2/Antoine : La loi de 1920/Une autre autoroute
Les trois premiers disques de cette dernière rubrique conservent leur pochette d'origine fournie par l'exploitant des juke-boxes. À noter également que cette "loi de 1920" chanson "engagée" et qui rappelle la triste condition féminine de l'époque et les combats qui allaient aboutir à des avancées majeures est signée sur la pochette "Antoine" comme vous le constatez sur la photo. Le problème, que je signale dans ma rubrique "marions-les" est que la musique est en fait celle d'un morceau folk américain "1913 Massacre" intrerprété par Woodie Guthrie et daté de 1941...

3/Éric Charden : Le monde est gris, le monde est bleu/Viva Mona
Eric Charden est évoqué à juste titre par Christian Eudeline dans son "Anti-yé-yé". À l'époque ses chansons présentaient un style original, nettement influencé par le courant pop anglo-saxon. C'était un des rares chanteurs français grand public a s'être retrouvé dans ce bouleversement musical à ce titre, bien que nous préférions le moins commercial verso "Viva Mona" il avait droit de cité quasiment seul avec Antoine sur "notre" très anglo-saxon Seeburg.

4/Triangle : Les contes du vieil homme/Les brumes de Chatou
Ce disque ne vient pas de l'Odéon... mais d'un autre juke-box qui fonctionnait dans un magasin de fringues "branché" (ou se voulant tel) qui animait ses ventes par la présence tonitruante d'un Wurlitzer. L'opération devait sans doute gêner les vendeuses car elle fut interrompue brutalement et les disques proposés en prime aux acheteurs... Vous devinez la suite... On distingue le tampon de l'établissement sur la photo. Quant à Triangle, ce groupe était vraiment intéressant, du moins certaines de ses compositions, même s'il eut un succès mitigé. Je trouve que certains morceaux comme ces "Contes du vieil homme" préfigurent Ange dans les seventies...


Visitez les cinq pages sur ce thème :

Mes premiers singles (1/4)

Mes premiers singles (2/4)

Mes premiers singles (3/4)

Mes premiers singles (4/4)

Mes premiers singles (5/5)

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