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HISTOIRES DE DISQUES N° 41 :

Flower power

01/09/2021/flowers

(*) Les cotations mentionnées s'entendent pour des vinyles en état neuf, dans le cas contraire un barème "d'usure" doit être appliqué. Les disques sont présentés chronologiquement. Lien vers la grille codifiant l'état des disques.

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Durant les années soixante ce sont encore une fois les médias spécialisés ou généralistes qui nous présentèrent à leur façon ce courant contestataire américain… Comme toujours des clichés « les fleurs dans les cheveux »…

C’est en 1967 que la chanson de Scott Mackenzie « San Francisco » matérialisa l’arrivée d’infos fréquentes en France relatives au « phénomène hippie ». On commençait à parler de Flower power. Plusieurs succès anglo-saxons du hit parade, un peu récupérateurs tout de même (photos 1, 2, 3), associaient fleurs, San Francisco, non violence, tenue « style oriental ». Ce n’était bien sûr qu’une sorte d’opportunisme commercial par rapport à d’autres créations bien plus sophistiquées (photos 7, 8, 9) mais, encore et toujours, plein de souvenirs autour de certains singles comme les trois présentés ci-dessous.

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Photo 1 : Scott Mac Kenzie SP San Francisco (Be sure to wear flowers in your hair) CBS Gemini 2816 (1967) / On le sait il s’agit d’une chanson de John Philips des Mamas and papas, groupe lui aussi lié au courant flower power. On peut se demander d’ailleurs pourquoi les Mamas ne l’ont pas interprété eux mêmes. La côte Ouest des USA tout entière est associée à ce mouvement, pas seulement San Francisco. Le « California dreamin' » du groupe est également un morceau emblématique du moins dans ma perception de l’époque même si les paroles ne concernent pas le mouvement hippie spécifiquement.

Photo 2 : The flowers pot men, SP Let’s go to San Francisco Deram 17 003 (1967) / Il s’agit en fait d’un groupe anglais
( !) Mais pourquoi-pas ? Même Eric Burdon a créé « San Franciscan nights ». Ceci dit ce groupe n’a jamais fait de scène et a disparu rapidement. Pourtant ce morceau, au moins au niveau de la musique, pour l’époque c’était quelque chose.

Photo 3 : The Syn SP Flowerman, Deram XDR 41 141 (1967) / Encore un groupe anglais « néo-hippie » éphémère d’autant qu’avant 67, ils étaient dans le rock genre Who…

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Photo n° 4 : Jacques Dutronc EP Hippie Hippie Hourrah, Vogue EPL. 8587 (1967) / Comme il se doit après certaines publications anglo saxonnes la France aussi essaya de surfer autour du mouvement Flower power. Ce premier disque est carrément parodique… « Hippie Hippie hourrah » de Jacques Dutronc est me semble-t-il bien vu. Il évoque la perception exagérée du mouvement de la part d'un Français un peu snob/frimeur (comme il y en a tant) vu le décalage géographique mais aussi socio-idéologique pour certains qu'on nomme maintenant "bobos". D’abord la musique avec un passage « cythar indienne » dans le refrain et puis les paroles… Elles correspondent au regard acéré de Claude Lanzmann, son parolier. Dutronc joue un jeune désabusé, qui finalement essaie de se persuader d’avoir une fibre « hippie » alors qu’il se f… de tout et surtout veut donner aux autres (et à lui-même) l'impression qu'il existe et surtout est dans le coup.

Photo 5 : Les Charlots EP Si tous les hippies avaient des clochettes, Vogue EPL 8592 (1967) / Donc là les Charlots utilisent leur style « paysan parodique » à mon avis largement inspiré par Ricet Barriet. Ce dernier, bien avant eux, (et mieux à mon avis) créa plusieurs chansons parodiques avec l'accent dit "paysan". Son premier succès dans ce style "La servante du chateau date de 1958... et il y en eut plusieurs autres tout aussi réussis. Pour en revenir à cette parodie des Charlots finalement un peu cruelle voulant plaire à la fois aux adultes qui bien entendu rejettent le courant hippie mais aussi à un certain nombre de jeunes se sentant largués par ce lointain courant musical en plus en anglais… Johnny Hallyday, plus tardivement… va « recentrer » le mouvement, du moins la vision réductrice qu'il exprimait, vers un public plus large… Pour en revenir aux Charlots, peut-être s'en veulent-ils, pour "faire bouillir la marmite" après avoir été un groupe rock de "redescendre" vers cette sorte de comique parodique. Cela pourrait expliquer leur relative agressivité envers ceux qui sont restés aux antipodes de leur démarche artistique pour le moins opportuniste et surtout éloignée définitivement du courant et surtout de l'esprit pop-rock.

Photo 6 : Johnny Hallyday EP San Francisco, Philips 437.380 BE (1969) / Là il s’agit de récupérer le courant hippie à la sauce Johnny, constamment « remaniée » au fil des modes, on parlait de « Johnny-caméléon ». Ce nouveauJohnny-hippie, à force de clichés devenait lui aussi caricatural même si ce n'était pas le but recherché. Son énorme public d'ailleurs reçevait le « message » au premier degré alors... En plus, n’oublions surtout pas que peu de temps après avec son « Cheveux longs idées courtes » il va chanter carrément le contraire !

Ce n’est qu’un peu plus tardivement, en tout cas dans mon cas, que j’ai commencé à découvrir le vrai contenu artistique, novateur et on peut même écrire "politique" au meilleur sens du terme autour de ce mouvement. Mieux que les seuls titres du hit parade des concept-albums où parfois le graphisme de la pochette allait plus loin que l'habituelle présentation du contenu, il s'agissait dans certains cas d'une composantte du message musical avec des motifs « fleuris » néo-orientaux, des lettres déformées…

Avec ma perception de l’époque Jefferson Airplane, Grateful dead, Byrds représentaient ce mouvement. Au fil du temps, notamment grâce à ma démarche de collectionneur je découvris bien d’autres albums, artistes et groupes musicaux, comme ils disaient dans "Rock and Folk" "plus ou moins parallèles".

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Photo 7 : The Byrds, LP Mr Tambourine man, CBS CS 9172 (1965 pressage USA) / Cette version bien plus
harmonieuse vocalement du légendaire morceau de Dylan et le reste de leur œuvre me paraît bien refléter « l’esprit hippie ». Je me trompe peut-être, certains vont évoquer d’autres artistes, groupes mais je trouve que leur style donnait une image cool et déjanté à la fois correspondant bien à l’image que j’avais (et que j’ai toujours) des Haight Independent Proprietors.

Photo 8 : Jefferson Airplane LP Takes off, RCA Victor LPM 3584 (1966, pressage USA) / On les entendait parfois à la radio et je pus les voir pour la première fois lors de la sortie du film « Monterey pop » interpréter notamment « Today ». On était tous amoureux de Grace Slick leur chanteuse… Ils ont fait connaître, pour ne pas dire inventé le rock psychédélique.
Leur son si personnel est vraiment représentatif pour moi. Sur ce premier disque il n’y avait pas encore Grace Slick mais il n’est est pas pour autant inintéressant. Le morceau phare de l’album je pense que nous le connaissons tous : « Don’t sleep away ». Leur musique était (et est encore) souvent utilisée en bande sonore pour illustrer cette période hautement créative. Arte évoqua ces artistes comme des créateurs géniaux « ayant changé le monde ».

Photo 9 : Grateful Dead LP San Francisco’s G. D, Warner Broth WS 1689 (1967/pres. USA) / A l’époque je connaissais ce groupe d’abord par les appréciations faites par « Rock and folk ». Il y eut l’écoute très exceptionnelle sur certaines radios, généralement tard le soir, en plus les morceaux étaient longs. J’avoue les avoir vraiment découverts des années plus tard lors de mes premiers achats de collectionneur de vinyles. Leur style musical, l’histoire du groupe, tout cela me paraît coller avec l’esprit Flower power.

Au-delà de l'impact sur la musique populaire, l'engagement de nombreux jeunes contre la guerre, à un moindre degré des petits changements dans la vie quotidienne comme l’arrivée dans la foulée de la mode de l’auto-stop matérialisent pour moi malgré tout, le fait que l’esprit cool un peu anar, bien au-delà des USA arrivait en France, du moins pour beaucoup de baby-boomers.