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NOSTALGIE SIXTIES /Objets anciens 1er avril 2024 |
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Objets présentés en ordre chronologique. |
Ce titre de page c’est Thomas, correspondant avec le site depuis longtemps maintenant, qui me l’a soufflé. Donc nostalgie certes, mais pas forcément sixties pour une fois. Alors bien sûr pour les vinyles, il y a « mes » anciens disques parmi des milliers d’autres achetés au fil des ans. Mais on va essayer de sortir des habitudes pour un site basé essentiellement sur les vinyles. Des objets chargés de souvenirs, de nostalgie, plus on « monte » en âge plus on en a, en tout cas c’est mon cas. Ceux que je vous présente ici sont sélectionnés parmi une foule d’autres, certains dans ma maison, d’autres soigneusement rangés dans mon (heureusement) vaste grenier. J’ai écartés certains car trop intimes au niveau des descriptions à fournir… J’ai choisi des choses différentes au niveau de leur aspect et donc des explications associées. J'ai évité les choses de grande taille genre meubles anciens, les vieux papiers, ma collection de 330 vieux "Pilote" des années soixante etc. On sait que tous les objets ont une histoire… Je vais donc essayer de vous raconter celle de quelques-uns d’entre-eux. La valeur, l’intérêt artistique dans cette démarche sont donc secondaires.
Pendule "très ancienne" XVIIIe Siècle ?
Cette pendule, d’après mon père « remonte très loin dans l’histoire » de ma famille paternelle. En plus son look m’a toujours plu. Récemment, j’ai trouvé un horloger « spécialisé » et lui ai proposé d’y installer un mécanisme, même électrique, pour la faire revivre, mais tout de même avec des aiguilles « style ancien ». Je ne me souviens plus le montant exact du devis proposé mais c’était vraiment très très cher… Cela m’a décidé à conserver cet objet tel quel. Il trône ainsi devant une de mes étagères à disques, dans mon bureau. Présence donc silencieuse mais lien avec des personnes disparues dont j’ai connu certaines et d’autres ascendants disparus depuis longtemps…
Clairon (cabossé) années 30, voire plus ancien
Ce vieux clairon je me souviens de lui depuis les années soixante. A Royan dans la maison familiale, toute neuve car la précédente, comme toute la ville, avait été détruite par deux bombardements « alliés »… Avec mes cousins, durant nos vacances, on arrivait toujours à le dénicher et au péril de quelques acrobaties le récupérer là où il était caché en prévision de nos déprédations éventuelles. Ensuite « poooooaaaaaa » ! des bruits incongrus sortaient de l’engin car il fallait souffler fort et surtout savoir jouer. Mon grand-père râlait et voulait le récupérer avec raison (voir les chocs sur l’instrument qui sont de notre faute). Mais ma grand-mère l’arrêtait dans ses tentatives de récupération : « Laisse les jouer tout de même ».
Plus tard on m’expliqua que cet objet était porteur de souvenirs familiaux. Plusieurs membres de ma famille jouaient dans une « clique » (fanfare). Cette dernière avait été créée par une association de jeunes dépendant d’un parti politique « très progressiste »… Le fameux clairon fut présent ainsi que mon père qui lui était tambour, notamment lors d’un défilé du Front populaire (donc années 30) qui rencontra un groupe "extrêment conservateur", bagarre générale. Les petits dont faisait partie papa étaient tenus à l’écart pour leur sécurité dans un coin. Ce dernier vit soudain surgir un « grand de la fanfare » qui lui dit brutalement « donne-moi ça ! » Les deux baguettes de tambour prestement récupérées étaient ornées de deux longs embouts en cuivre assez épais. « Nono D. » frappa avec un tel entrain sur la tête des opposants qu'il réussit tout de même à casser les deux baguettes. Parfois l’Histoire était violente... Et ce n’était qu’un début la guerre allait suivre. Ce clairon témoigne de ces moments et fut réutilisé lors de la libération de la ville de Royan, là aussi il se passa des "choses", je n’en sais pas plus, je regrette de ne pas avoir interrogés les anciens davantage. Avec l’âge j’ai réalisé que cet objet, même cabossé, était loin d’être anodin au niveau symbolique…
Coquetier qui a pas mal chauffé en 1945 mais sans doute plus ancien
Nous sommes en 1945… La rue des Gardes, comme le reste de Royan est un vaste champ de ruines. Mes grands-parents, après la libération de la ville purent enfin approcher ce qui fut leur maison. En plus elle avait été pillée par les troupes françaises comme toute la ville… (Une des grandes polémiques ultérieures autour de ce bombardement)… Quelques objets furent tout de même récupérés, restés là vu leur modestie. Ce coquetier, surtout son état, matérialisant le torrent de flammes lié aux bombes au phosphore a été récupéré. Ma famille heureusement avait été expulsée peu de temps avant le bombardement comme beaucoup d’habitants de la ville. Les stigmates de « fusion » de ce petit objet, autant que l’état de la maison, leur ont fait réaliser qu’ils avaient eu finalement de la chance dans leur malheur. Comme tous les Français, malgré des situations souvent difficiles, ils ont su redémarrer le pays ainsi que leur vie quotidienne petit à petit, à force de travail…
Dans le garage de la (donc) nouvelle maison familiale royannaise reconstruite comme toute la ville durant les années cinquante, il y avait accrochées au plafond sept trules* (cercles*) destinées à la pêche aux chancres (petit crabes). Mon grand-père de temps en temps venait avec moi d’abord chercher de la « boëtte* » (appâts) dans la poissonnerie où mon oncle était comptable. Il s’agissait d’invendus en attente du camion poubelle municipal… « Serge il faut choisir les poissons les plus pourris, c’est ça que les crabes aiment le plus » (beuark)… Ensuite il fallait ouvrir les poissons vraiment pas frais et les enfiler/attacher sur les barres supérieures des trules*. Inutile d’écrire que c’était mon grand-père qui, en tant que vieux marin retraité se chargeait de l’opération pas très ragoutante, il en avait vu d’autres et se moquait de mon air dégoûté…
Enfin installés en haut de la grande jetée de Royan proche de la maison il fallait sans cesse descendre et remonter les sept cercles, les vider de leurs crabes, là pépé me laissait faire… L’endroit de la jetée où il y avait le plus de chancres, c’était un peu compliqué. Sous l’eau il y avait l’épave parmi d’autres d’un chaland coulé durant le bombardement le long de la jetée… Pépé insistait pour que je descende une trule* à cet endroit précis… « C’est au milieu de cette vieille ferraille qu’il y en a plein ». Pas évident pour la remonter : « doucement, tire un peu à gauche, là remonte » ouf au bout de patientes manœuvres la trule* remontait enfin sans voir son filet arraché par la ferraille éclatée. « Tu vois je te l’avais dit, regarde tous ces crabes ». Une petite fille qui avec sa mère suivait la jetée pour prendre le bac à son extrémité s’exclame « Tous ces crabes ! ». Alors surtout devant une fille je faisais (déjà) le malin, les attrapais pour lui montrer sous un hypocrite prétexte "éducatif" que je n’avais pas peur et les lui présentais de près…
Durant toutes ces journées avec mon grand-père, entre « hommes » on n’exprimait pas trop notre affection en paroles, pourtant beaucoup de complicité, de ces non-dits pourtant révélateurs... Des choses se passaient entre pépé et moi, beaucoup de souvenirs… D’où cette trule* accrochée dans mon grenier, pieusement emportée après le décès de mes grands-parents. Les six autres ont été récupérées par ma fille. La photo présentée est tirée d’une page du site. Elle se nomme « la pêche au vinyle ». J’avais donc pris « ma » trule* et un vinyle pour illustrer cette thématique.
(*) Tous ces termes typiquement « bas-charentais » sont restitués phonétiquement, je ne garantis pas l’orthographe.
Jouet Dinky Toys fourgon Berliet 1964, premiers secours
Durant la même période, tous les étés, soit seul soit avec mes cousins nous jouions dans la cour de la nouvelle maison royannaise… Mon oncle et mes grands-parents, qui y habitaient, au fil des ans nous achetaient des jouets qui étaient placés dans un grand coffre. « Vous devrez les laisser là, c’est uniquement pour jouer ici ». Pas question donc de ramener ces jouets chez nous. Ils avaient raison car chaque fois que nous retournions à Royan des mois plus tard, nous nous précipitions pour ouvrir le fameux coffre. C’était un peu comme si les jouets étaient éternellement neufs. Parmi ceux-ci des Dinky Toys. J’ai pu en récupérer certains comme ce camion de pompiers. Je jouais souvent avec, parfois avec mon cousin. Ce dernier est hélas décédé trop jeune, suite à une maladie… Emotion, toujours émotion, impossible de se séparer de telles choses, en tout cas pour moi…
Gauloises « Troupes » remises lors des « trois jours » à Limoges en 1970…
Nous sommes durant l’été 1970. J’avais décidé de devancer l’appel histoire de me libérer de ce service militaire qui m’empêchait de trouver un emploi stable. Ce moment à l’époque m’a semblé important. Il marquait vraiment l’entrée dans la vie d’adulte. Je fus donc convoqué à ce qu’on nommait « les trois jours » à Limoges dans une caserne. A l’issue de cette période de sélection il me fut remis un paquet de Gauloises « Troupes ». Bien que fumant à l’époque je ne sais pourquoi j’ai décidé de glisser ce paquet dans un étui de cuir placé dans le petit tiroir de ma table de chevet. Il y est toujours malgré déplacements, déménagements… Un paquet de tabac de 54 ans se manie avec précaution. Au moindre mouvement des brins de tabac ultra secs tombent par terre…
Histoire de me faire un peu de pub je rappelle que ces trois jours et l’année sous les drapeaux qui a suivi sont racontés dans mon livre « Le compte à rebours » CLIQUER ICI
Composteur, typomètre, ciseaux, pinces années 70
J’ai débuté dans les métiers de l’imprimerie en 1972, juste après mon service militaire. Ma première activité fut la typographie. Technique maintenant abandonnée mais qui méritait vraiment la dénomination « arts graphiques ». Un bon typo en effet pouvait migrer facilement vers les nouvelles technologies informatiques vu les connaissances pointues liées à cette activité. C’est le parcours que je suivis. Au bout d’une dizaine d’années en tant que typographe, devenu progressivement informatique, je me suis occupé pendant dix-huit ans d’une imprimerie intégrée pour terminer ma carrière au journal « Sud Ouest ».
Bref la typographie pour faire simple c’est l’imprimerie en relief, découverte par Gutenberg et heureusement tout de même pas mal améliorée. La photo d’illustration présente les outils du typographe, en tout cas les miens, pieusement conservés. De gauche à droite un ciseau destiné à des découpages fins, films, habillages papier de clichés, etc. Deux composteurs : un peu le stylo du typo. Les petites lettres en plomb étaient alignées et « justifiées » au fond du composteur justifié à la longueur de ligne choisie (d’où les systèmes de blocage coulissants). Petit bout par petit bout la composition était assemblée depuis le composteur jusqu’à la galée posée sur le rang penché avant d’aller vers les machines à imprimer. Le compte-fil, utilisé pour d’autres activités d’ailleurs c’était pour voir très précisément films, trames etc. l’état d’une lettre… Les pinces typo permettaient de saisir délicatement dans une composition ou un composteur, un caractère en plomb sans l’endommager, certains étaient minuscules en fonction du corps de la police. On note les deux stries à la scie à métaux. Elles permettaient de savoir à qui ces pinces, facilement égarées, appartenaient. Idem pour le creux dans l’arrondi à droite du typomètre (règle métallique) pour l’identifier également grâce à sa marque.
Sur la photo ci-contre (cliquer dessus éventuellement pour voir précisément) à l’extrémité gauche de mon typomètre on voit que d’un côté il est mentionné « mm » au début des graduations et de l’autre Cicéro. Cette unité de mesure, appelée également « le douze » fonctionnait de douze en douze points (unité encore utilisée sur les traitements de texte et bien sûr en PAO). Sur la graduation du typomètre un intervalle égale trois points donc quatre d’entre elles génèrent un douze d’où le trait un peu plus haut. L’intérêt c’est la divisibilité par deux qui simplifie les calculs lorsqu’on réalise une maquette, un tableau etc.
J’avais écrit que j’ai évité les choses trop intimes, on va le voir encore pas toujours. Difficile d’y échapper avec cette thématique. Le vin de Monbazillac, pour ceux qui ne le connaissent pas est produit sur des coteaux tout près de Bergerac (Dordogne) ma ville d’origine. Il s’agit d’un vin doux et liquoreux que je vous recommande bien frais pour l’apéro mais aussi avec les pâtisseries, le foie gras. Il se consomme facilement car très agréable et doux, rafraichissant… donc danger à consommer avec modération…
Bref je fais encore de la pub… Cette bouteille donc datée de 1975 est quasiment imbuvable car très madérisée au fil vous en vous doutez de nombreuses allées et venues. Le vin c’est vivant, même dans l’état de celui présenté. A l’époque lors de la naissance de ma fille m’est venue l’idée de conserver quelques bouteilles de ce millésime. En plus de cette naissance des événements importants pour mon avenir ce sont déroulés en 75… Ce frontignan est maintenant dans mon meuble cave à vin électrique, hélas cela ne la rendra pas consommable mais aidera peut-être à sa conservation future… Tout se joue au niveau du bouchon, tant qu’il « tient » tout va bien, sinon la bouteille se vide…
Plante offerte en 1977 mais plus ancienne
La plante présentée (certains peut-être me rappelleront son nom…) est âgée d’au moins cinquante ans… Vous me direz « Serge, elle n’a rien de particulièrement extraordinaire même si elle est fleurie »… Elle continue vaillamment, année après année à me sortir des fleurs en hiver ce n’est déjà pas commun. Ces dernières me rappellent ma grand-mère maternelle qui un jour m’offrit la plante en 1977 lors d’une de mes visites. Elle était à l’origine depuis des années sous un puits de lumière du petit immeuble bergeracois dans lequel j’ai également beaucoup de souvenirs… Quelque chose de vivant comme une plante pour penser à une personne disparue… J’espère qu’elle « tiendra » longtemps encore.