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Interview par Dominique Jacquemin, magazine "Le Chineur",
juin 2012, série "Que collectionner ?" "Les vinyles" |
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1/ Quand et comment est né votre intérêt pour les vinyles? Avez-vous décidé d’avoir un parti pris, un angle de collection? Lequel? Pourquoi?
J’ai toujours aimé les disques. Enfant j’adorais utiliser (brutalement, j’étais petit) le gros électrophone familial pour écouter les disques de mes parents : Montand, Piaf, Brassens, du classique aussi... Malheureusement, durant les années soixante, la plupart des baby-boomers maintenant adolescents avaient un pouvoir d’achat qui ne leur permettait d’en acheter que quelques-uns... D’où le relativement grand nombre de 45 tours vendus grâce à leur prix plus attractif par opposition aux albums 33 tours «hors de prix» (20 nouveaux francs un Beatles !) et donc bien plus rares à trouver de nos jours... Ce qui était tout de même nouveau, les jeunes devenaient des consommateurs. Pourtant l’actualité musicale était intense en terme de création de nouvelles musiques. D’abord bien sûr le courant yé-yé, certes décevant au niveau de la qualité artistique (à l’époque on trouvait tous cela génial) mais c’était une vraie révolution surtout dans les esprits. Les chanteurs yé-yé, sauf quelques exceptions, pillaient allégrement les morceaux de musique anglo saxons inconnus en France à l’époque.
Cela a eu le mérite de casser les tabous musicaux et de m’amener à m’intéresser aux nouveaux sons , Beatles, Stones, Doors, Jimi Hendrix, Otis Redding etc etc. J’ai toujours conservé mes disques de l’époque, pas en très bon état tellement ils ont été écoutés, malmenés dans les surprise-parties. Je le répète on n’en avait pas beaucoup donc ils ont beaucoup tourné. Vers le milieu des années 90, finalement peu de temps après le remplacement du vinyle par les CD, on trouvait à bas prix dans les dépôts vente ces vinyles dont peu de monde voulait à l’époque. J’ai réalisé qu’à peu de frais je pourrais me payer toutes ces «galettes» dont je rêvais autrefois sans pouvoir les acheter... Ma démarche essentielle de collectionneur était et est donc toujours essentiellement basée sur la chine, notamment les vide-greniers qui depuis le début de ma chasse au vinyle n’ont cessé de se développer, une vraie chance et pas seulement pour les vinylmaniaques. Je me définirai avant tout comme un collectionneur-chineur et surtout incorrigible nostalgique, en particulier des années soixante... J’ai réalisé rapidement qu’en fait c’était surtout le vinyle en tant que témoin sonore d’une époque qui m’intéressait, d’où l’éclectisme de ma collection. Mes choix musicaux étaient d’abord les vieux disques yé-yé originaux d’époque, pour leur côté kitsch, naïf, finalement attendrissant. Mais j’ai vraiment craqué pour les groupes pop-rock, soul qui ont déferlé ensuite. Cependant, l’occasion faisant le larron, je me suis aussi mis à acheter des disques de ce qu’on nomme encore avec raison «la grande chanson française».
C’est assez curieux j’ai toujours beaucoup de plaisir par exemple à acheter un vieux 33 tours 25 cm genre Anny Flore, Nicole Louvier, etc à savoir des artistes quasiment oubliés aujourd’hui... Souvent l’écoute est rebutante. J’ai cependant l’impression d’ouvrir un joli bocal dans lequel il y aurait, à dose infime certes, l’air, l’ambiance par exemple du Paris d’après-guerre... J’ai tout de même fait l’impasse car on ne peut pas tout stocker (et aimer) sur l’accordéon musette, le disco, la musique classique, la musique instrumentale style «orchestres de bal» qui fleurissait à l’époque et certains chanteurs français je dirais un peu trop... populistes. Musique populaire oui, je revendique le terme, mais comme en toutes choses il y a des limites. Ceci dit j’ai tout de même «du» disco, du classique que j’aime écouter parfois... Toujours poussé par ma curiosité j’ai acheté également des vinyles que je nomme «documents sonores» ... Par exemple des discours du général de Gaulle, discours de Malraux, événements d’Algérie, la Résistance, Mai 68... Tous ces sujets généraient des sortes de journaux sonores ou documentaires parlés dont je raffole... De même les chants dit engagés, révolutionnaires, réactionnaires, etc ont aussi pour moi un intérêt, plus «historico-nostalgique» qu’artistique. J’ai même une mini collection de disques des ex-pays de l’Est, de la période dite de la «guerre froide». Il s’agit en fait des rééditions de la variété anglo saxonne et française, parfois illégales, vu le régime de ces pays à l’époque. Là encore l’aspect historique m’a motivé. Je conclus sur cette question en évoquant un autre aspect important des vinyles... leur pochette. Ce véritable support artistique, surtout pour les 30 cm, va permettre souvent des créations graphiques originales, amusantes. Des livres actuels proposant des photos de pochettes de disques illustrent cet intérêt graphique. 2/ Que recherchez-vous; où les trouvez-vous? Avez vous des contacts particuliers? Est-il toujours facile des les dénicher ou se raréfient ils?
Comme tous les collectionneurs je recherche le tirage dit «original» ! Mais les rééditions à l’identique, de plus en plus nombreuses pour des disques mythiques ne me rebutent pas si elles sont de bonne qualité. De même les compilations, florilèges, décriés par les collectionneurs peuvent contenir des enregistrements très rares... Les genres musicaux qui m’attirent le plus sont le courant pop-rock des années soixante, la chanson française dite «sixties», le rythm and blues noir et beaucoup d’autres styles musicaux. Folk song, folk-rock, hard rock, country, musiques du monde, jazz-rock etc etc. m’intéressent également. J’aime aussi les originaux de certains artistes dits yé-yé d’abord les albums 33 tours, de 30, 25, 15 cms... Les petits 45 tours dits super 45 tours ou EP à quatre chansons peuvent être intéressants s’ils sont rares... Bien que plus petits ils ont souvent de belle pochettes glacées. Beaucoup en effet d’artistes comme Sheila, Claude François, Petula Clark, Richard Anthony etc sont très faciles à trouver vu leur énorme diffusion passée. Une fois qu’on en a quelques-uns on n’en prend plus, à moins d’être fan bien sûr...
J’achète également des flexidiscs, ou disques souples en plastique, carton, généralement publicités sonores qu’on glissait dans les boîtes aux lettres dans le temps... Une autre petite curiosité les Sonophones injustement nommés ainsi car il s’agit d’une des marques de ces cartes postales très particulières. Une photo bien sûr, mais gravée comme un disque, avec un trou au milieu et contenant généralement un morceau de musique en rapport avec l’illustration... Avec ma grande sacoche «spéciale disques», je me fie au hasard sur les vide-greniers, comme tout chineur je suppose. C’est la chasse au trésor, on va remplir sa gibecière ou rentrer bredouille, c’est le jeu. Souvent les bonnes affaires partent en rafale, un particulier va proposer un lot de raretés à un prix dérisoire, dans ce cas la sacoche se remplit vite ! Les boutiques spécialisées de marchands de vinyles, les conventions de disques offrent également une alternative pour les vinyles qu’on n’arrive pas à dénicher... mais en les payant bien plus cher ! Il existe également un site de vente en ligne assez réputé. J’aime bien vu le choix énorme qu’il propose et les garanties offertes aux vendeurs et acheteurs. Il se nomme CD and LP et j’ai recours à lui de temps en temps. Une autre «piste» et là encore je pense que toutes les collections se rejoignent c’est «la personne qui a des disques qui l’encombre et qu’une connaissance vous a indiquée». Occasions peu fréquentes mais presque toujours génératrices de très bonnes affaires. Plusieurs de mes collectors ont été ainsi récupérés. Celui que je surnomme avec auto-dérision sur mon site le «vinylmaniaque» est un chasseur solitaire. J’ai des contacts avec d’autres collectionneurs mais cela reste simplement le plaisir de parler avec quelqu’un qui a les mêmes centres d’intérêt. Pour le «bizness» chacun garde ses recettes...
Au début j’achetais beaucoup et puis, de découverte en découverte, on devient plus exigeant. On cherche des choses plus atypiques, originales, ce qui fait que je ramène moins de vinyles. Les albums pop-rock originaux des années soixante sont carrément en voie de disparition, que ce soit sur les vide-greniers, et même chez les marchands professionnels. De même les disques de Serge Gainsbourg, certains albums yé-yé, en fait une grand part de nos recherches... Probable que des collectionneurs dans mon genre qui prélèvent et stockent sont responsables de cette pénurie. D’où l’achat notamment pour ces disques, recherchés à mon avis par la majorité des collectionneurs, de rééditions à l’identique dont j’ai déjà parlé. A l’image des tirages luxe pour les bibliophiles certaines rééditions, tirage limités, très lourdes, belle qualité de fabrication, sont supérieures techniquement aux originaux ! Pour les autres catégories de vinyles, les greniers français semblent inépuisables. On peut relativement facilement trouver un vieux «Trenet» des années cinquante pour 1 euro... Je ne m’en prive pas, vu mon éclectisme qui fait que certaines choses un peu oubliées par les collectionneurs sont aussi ma tasse de thé. 3/ Combien en possédez-vous? quels sont les plus anciens, les plus originaux, les plus rares de votre collection (descriptions, exemples)
Je possède environ 5 000 vinyles, pour le commun des mortels c’est beaucoup mais certains collectionneurs prétendent en posséder beaucoup plus... Un des éléments importants qui me limite c’est le rangement dans des bibliothèques que je fais fabriquer sur mesure (très cher) pour gagner un maximum de place. En effet tous mes disques doivent être classés, pouvoir être attrapés facilement et posés sur ma platine ! J’imagine que des quantités de disques plus importantes signifient rangement dans des cartons entassés, difficilement accessibles, inacceptable pour moi... Un disque doit rester « vivant », donc pouvoir être auditionné. Cela ne veut pas dire que j’écoute tout ce que j’ai sur mes étagères, c’est quasiment impossible à moins de ne faire que cela !
Les disques les plus anciens datent forcément du début de la diffusion du vinyle en France, le milieu des années cinquante. Le premier disque vraiment «rare» que j’ai trouvé est un 33 tours de 1962 nommé «Le 2 000 000e disque des Chaussettes noires». Il a la particularité lorsqu’on ouvre la pochette de voir apparaître Monsieur Eddy et son groupe dans un superbe pop-up (scène découpée articulée). Tirage spécial, édition limitée, groupe mythique font la cotation maximum en état neuf de 250 euros. J’ai découvert qu’une copie à l’identique avec le pop up vient d’être mise en vente pour 80 euros environ... mais ce n’est pas l’original...
Récemment je suis «tombé» sur un très rare album 30 cm de Brigitte Bardot classé parmi les albums les plus cotés en France pour...3,5 euros alors qu’en état neuf il approche les 300 euros. L’aspect mythique de BB plus que ses qualités vocales à mon avis motive cet intérêt des discophiles...
Une autre chose curieuse à laquelle je tiens beaucoup c’est ce flexidisc «artisanal» polonais, de 1975. Il fut fabriqué avec une machine pour graver les cartes postales, sur du Linoléum (!) totalement illégalement. Il contient sur une des faces deux chansons des Beatles... Les jeunes des pays de l’Est, durant la guerre froide, prenaient des risques pour écouter les Beatles en 1975, ces «suppôts de l'impérialisme occidental». Là encore l’aspect historique prime... Le premier 45 tours de Johnny Hallyday, que pourtant je n’apprécie pas en tant que chanteur, est pour moi, et bien d’autres vu sa cotation, un document sonore précieux par la symbolique qu’il contient.
Un petit 33 tours de 25 cm de Barbara, très peu diffusé, me donne l’impression qu’elle chante pour moi tout seul.
Un super 45 tours d’Elvis Presley «Elvis chante Noël», malgré l’intérêt artistique discutable, a une référence très rare... Quelques signes qui font que le vinyle a le «noble» statut de collector, un peu dérisoire sans doute, mais toujours ce fantasme de la chose que les autres n’ont pas... Cette question me fait réaliser que je possède un grand nombre de disques dit rares que je ne peux décrire tous... Dans le même esprit les collectionneurs recherchent le défaut d’aspect, l’erreur typographique ou technique, rapidement corrigée. Les quelques disques défectueux laissés sur le marché vont devenir des raretés... Un exemple le double 33 tours en public des Doors «Absolutely live» qui devient sur les étiquettes de celui que j’ai déniché «Absolutely life» ... 4/ Qu’en faites-vous? Où les conservez vous? Les exposez-Vous?
Mes vinyles sont placés sur des bibliothèques spécifiques que j’ai fait fabriquer sur mesure, de façon à ne pas perdre la moindre place... Ils sont classés par ordre alphabétique et par thématique. J’ai notamment une pièce spécifique dédiée au vinyle. L’audition, je l’ai dit, est pour moi primordiale, au gré de mon inspiration du jour, écouter un vieux Léo Ferré, ou un original des Rolling Stones c’est mon luxe... Quelques amis intéressés viennent fouiller parfois dans mes rayonnages mais en 2002, j’ai trouvé une solution originale. J’ai entrepris de créer un site internet, «http://www.vinylmaniaque.com/» sur lequel, entre autres j’ai mis en ligne des galeries de pochettes de mes disques préférés. J’ai finalement créé avec le temps une sorte de petite encyclopédie sur les vinyles, cotations, conseils pratiques, pochettes... Un site, c’est finalement un autre hobby mais j’ai le sentiment de partager avec les autres. J’ai assez rapidement réussi à avoir une audience significative pour un site non commercial. Parfois des expositions, «vieille chanson française», «bandes originales de films», un petit festival de rock me demandent des photos... Ma collection est ainsi devenue interactive... C’est ainsi que «Le Chineur» et d’autres journaux, «petites» chaînes de télé, sociologues etc m’ont contacté. 5/ Que conseillez vous à un néophyte pour débuter une collection? Que faire, ne pas faire ?
Tout d’abord je lui conseille d’aller dans les vide-greniers... Lorsqu’on n’a pas trop d’expérience, acheter de deux à trois euros le disque limite les risques d’erreur. Ensuite choisir des vinyles en bon état, bel aspect, pas ou peu de rayures. C’est trop frustrant de ne pas pouvoir l’écouter de façon satisfaisante une fois rendu à son domicile. Certes c’est tentant d’acheter, même «fatigué» le disque qui nous tape dans l’oeil, mais la plupart du temps, avec de la patience, on va le retrouver plus tard en meilleur état. Seul le rarissime collector, si on est en mesure de le repérer, va justifier un achat en mauvais état et à tout petit prix...
La thématique c’est simple, on peut ne pas en avoir de précise, suivre simplement ses impulsions, l’important est de se faire plaisir ! Sa vedette préférée, par style musical, par format de disque on a le choix. Il faut une bonne platine, compter 300 euros minimum, permettant une audition de qualité. La pointe de lecture à force d’appui réglable, à changer tous les ans, ménagera les fragiles sillons de vos disques... Les platines, électrophones à bas prix, dites USB, sont à déconseiller si on a une démarche de collection «dans le temps»... Si vous vous aventurez chez un marchand professionnel, convention de disques, il faut établir une liste d’achat dite «wanted list», si possible avec les références et cotations des originaux convoités. En revanche si vous achetez des rééditions récentes sous film, les prix varient de 20 à 40 euros... Il y a énormément d’autres conseils, trucs que j’ai essayé de recenser sur mon site. LA COLLECTION DANS SON CONTEXTE : 6/ Sur quels critères s’établit la cote d’un vinyle ? Qu’est ce qui lui apporte une plus value ? (disques promos , pressages français ou étrangers, maisons d’édition, étiquettes sur la pochette etc…) Gamme de prix. La cotation d’un vinyle est le reflet d’un rapport entre une offre et une demande. Ecrit comme cela c’est simple, dans la réalité c’est plus complexe. Un disque des Beatles des années soixante a été fabriqué à des quantités énormes. Cependant la demande pour ces originaux est très importante et dépasse la quantité qui reste en circulation, d’où des cotations élevées. A l’inverse le disque d’un chanteur inconnu, donc ultra rare, dans la mesure où il n’intéresse personne, ne vaut pratiquement rien... Donc il faut deux composantes : l’intérêt d’un grand nombre de collectionneurs pour l’artiste et un petit quelque chose qui fait que le disque est «différent» premier pressage, rareté, particularité.... Le tout bien sûr ayant une quantité d’exemplaires disponibles inférieure à la demande... Les disques «promo» ont des tirages limités, un disque «raté» d’une grande vedette va paradoxalement, par sa plus faible diffusion à l’époque, devenir un collector. La future star a joué dans un groupe inconnu avant de percer, ces disques vont devenir très recherchés... Très important, l’état du disque, la cotation est basée sur le prix état neuf, qui reste souvent une vue de l’esprit, un simple repère pour des objets généralement très anciens. Cette dernière dégringole très vite en fonction de l’état, il faut donc associer le bon, très bon état à tout collector ! Il existe des grilles définissant ces «taux de vétusté», j’en publie une sur mon site... Les disques anglais et américains sont recherchés. Les artistes pop sortaient en pressage USA ou UK leurs première oeuvres...Les disques japonais sont recherchés pour la qualité de leur pressage. Là aussi énormément de choses pourraient être dites que j’évoque sur mon site.
A noter également des disques, généralement assez récents, fabriqués dans l’optique de la collection. Certains artistes comme Mylène Farmer, Johnny Hallyday produisent des tirages plus ou moins différents, ordre des chansons, présentation, tirages volontairement réduits, picture discs (disques ayant une photo incluse dans le vinyle) que vont collectionner leurs fans. Pour ma part un disque conçu pour être collectionné cela ne me motive pas... Les gammes de prix vont de un 0.5 euro à des milliers d’euros pour des raretés vendues souvent aux enchères... Il y en a pour toutes les bourses. A mon avis, la discophilie est un loisir accessible à tous, ce qui n’est pas le cas de toutes les collections. 7/ Au contraire, qu’est ce qui les décote ? L’état du disque, je l’ai dit, est une composante primordiale de la «belle pièce de collection». Le «retirage d’époque» (à ne pas confondre avec les rééditions actuelles) normalement est moins coté que l’original. Donc un disque lambda a du succès, on va en refabriquer relativement rapidement après sa première diffusion. Mais, pour illustrer la complexité de ces sujets, certaines de ces rééditions d’époque vont être très réduites en terme de tirage, voire avoir une présentation différente, originale... Dans ce cas la réédition va avoir une cotation supérieure à l’original ! Les premiers albums anglais des Beatles ne sont qu’un suite de rééditions, en plus bourrées de défauts d’aspects corrigés d’une version à l’autre, un vrai imbroglio de raretés absolues ! 8/Une pochette vide est elle malgré tout intéressante? A part d’ultra rares cas particuliers une pochette «seule» en bon état n’a d’intérêt que si on arrive à trouver le disque qui va avec ! Une exception célèbre, le petit 45 tours des Beatles français dit «Sandwich». Il s’agit du tout premier disque français des «Fab Four». La toute première version, présentant les Beatles dans une attitude jugée irrespectueuse pour les Français fut précipitamment retirée. Seule la pochette fut refaite, le disque intérieur est resté le même. Donc en fait seule cette fameuse pochette «sandwich» associé par exemple avec le disque original qui se négocie une quarantaine d’euros, va justifier une cotation allant jusqu’à 5 500 euros ! On peut donc dire que dans ce cas, la pochette seule vaut 5 460 euros ! 9/ Que dire des rééditions ? quelle valeur ont-elles par rapport aux originaux ? Pour simplifier il y a les rééditions d’époque, uniquement les gros succès dont les tirages initiaux sont épuisés. Elles sont en général sous des références différentes mais l’aspect est souvent quasiment identique. Une fois que le disque est un peu démodé, une nouvelle réédition peut être faite avec une pochette différente, voire des séries spéciales de rééditions. Enfin, ce que je nomme les rééditions récentes, faites après la disparition officielle du vinyle début 90 jusqu’à nos jours où elles se multiplient sont à différencier. Elle sont la traduction commerciale de la nostalgie autour du disque vinyle, dématérialisation du support... Les florilèges ou best of sont aussi des rééditions mais dans ces cas les morceaux sont dissociés de leur album original et rassemblés en terme de popularité, généralement elles sont considérées comme des disques d’un intérêt mineur. Je ne reviendrai pas sur la question «valeur» déjà abordée. Certaines rééditions récentes dont le tirage a cessé, prennent petit à petit de la valeur... 10/ Comparaison de prix entre un disque seul, une pochette vide et une pochette complète? Seul le disque complet justifie la dénomination de disque de collection. Les «pièces détachées» éventuelles n’ont pour vocation dans le cas de choses rarissimes que d’être réunies de nouveau. Obtenir un collector précieux en rassemblant pochette et vinyle peut mériter de passer du temps. Pour des disques moins prestigieux, un marchand n’osera même pas les présenter aux clients. 11/ Quels sont les vinyles les plus recherchés actuellement ?
A travers mon vécu personnel de collectionneur-chineur et les contacts via mon site la catégorie reine est le courant pop-rock anglo saxon des années soixante. Un deuxième genre recherché est le courant dit «yé-yé». Certains de ces artistes ont eu une gloire confidentielle mais sont restés, notamment grâce à l’émission mythique «Salut les copains» dans la mémoire de beaucoup de baby-boomers... A noter que, pour une raison qui m’échappe mais devrait intéresser les sociologues de nombreux «jeunes» se passionnent pour ces disques. Johnny Hallyday, Elvis Presley (en baisse semble-t-il) , Beatles, Rolling Stones, Serge Gainsbourg, Doors, Jimi Hendrix... sont des noms qui viennent à l’esprit au sujet des demandes récurrentes... Des artistes anticonformistes comme Gong, Frank Zappa, Magma, Can, intéressent également les collectionneurs. 12/ Recherche t’on essentiellement une chanson ou d’autres facteurs comptent comme l’année de parution, le compositeur, le pays où il a été pressé? Autres ?... Des exemples.
Il me semble que c’est plutôt un album qu’on recherche qu’une chanson spécifique. Suivant la nationalité de l’artiste le tout premier pressage se doit d’être avec la version du pays d’origine... Là encore il n’y a pas de règle précise mais beaucoup de cas particuliers. Certains disques vont avoir un peu plus d’intérêt simplement parce qu’ils contiennent des chansons de S Gainsbourg même chantées par d’autres... Pour l’année de parution je reviens sur les années soixante, considérées comme l’âge d’or du vinyle. Création tous azimuts, yé-yé, pop, cohabitaient avec les grands chanteurs français Brassens, Brel, Ferré, Gainsbourg... Déjà en 1970 beaucoup de rock stars mythiques sont décédées, la crise pétrolière va arriver, les disques vont être de plus en plus légers, pour économiser le vinyle... 13/ Quels sont les vinyles les plus courants (prix) et pourquoi ?
Ce sujet mérite d’être évoqué surtout pour les amateurs de vide-greniers. J’appelle la recherche «vinylistique» de l’archéologie sonore. On va souvent se trouver face à un tas de, dans l’ordre : Michel Sardou, Julio Iglesias, Franck Pourcel, Serge Lama, Richard Clayderman, Mireille Mathieu, Nana Mouskouri... Enormes tirages, thématique très populaire. Je respecte toutes les motivations, ces artistes ont donné du plaisir à plein de gens, même si ce n’est pas mon cas, et celui de la plupart des vinylmaniaques... Donc «archéologie sonore» on creuse au milieu de ces galettes récurrentes en espérant trouver notre bonheur. Gros tirages, concept artistique très conservateur, le fait que tant de gens souhaitent s’en débarrasser confirme la désaffection pour ces artistes du moins sur vinyle car leurs oeuvres sont ultra faciles à trouver sur CD... Les amateurs de ce genre de musique ne vont pas se poser des questions autour de la symbolique du support sonore... Donc la grande masse des vinyles, finalement les collectionneurs purs et durs la dédaignent, en pestant car il faut fouiller dedans. En quelque sorte séparer le bon grain de l’ivraie... Al contrario, les plus rares ?(prix) et les raisons ? Parmi les vinyles les plus rares qui me tournent dans la tête, outre le "Beatles Sandwiche" déjà évoqué : The Beatles, 33 tours 30 cm, "Please Please Me", Parlophone PCS 3042 (1963) = 3700 euros. C'est le tout premier album des Beatles, la toute première version anglaise, la cotation s’explique. Il est suivi de toute une série de versions différentes avec défauts d'aspects, changements de logos, une jungle à défricher pour établir les cotations. Boris Vian, album 33 tours 25 cms, "Chansons possibles et impossibles", Philips 76042 (1956) 500 euros. Boris symbolise l'éclosion artistique dite Rive gauche de l'après-guerre. "Le déserteur", chanson considérée comme une des chansons pacifistes la plus connue dans le monde à elle seule crée l'événement. Sa première version enregistrée fut, comme on le sait, censurée, d’où le très faible tirage de ce disque ce qui, dit la légende, déprima Boris... Barbara, 33 tours 25 cms, "Barbara à l'Ecluse", La Voix de son Maître FDLP 1079 (1959) = 300 euros. En possédant ce disque on peut imaginer Barbara dans ce minuscule cabaret de trente places, galérant devant des clients parfois distraits, avant d'exploser sur les plus grandes scènes. La cotation a grimpé depuis dix ans de façon assez spectaculaire. Serge Gainsbourg, album 33 tours 25 cms, "Du Chant à la Une", Philips 76447 = 500 euros. Tout simplement le premier vinyle de Gainsbourg, témoin de l'époque où seuls quelques amateurs reconnaissaient son talent. De nombreux fac similés à partir de 1980... On peut citer aussi «Johnny chante Hallyday» surnommé «Le velours», Claude François «le Nabout Twist» etc etc. On remarquera que les prix, certes élevés pour une petite galette de vinyle, sont plus modeste que ceux pratiqués dans nombre d’autres collections... Il ne s’agit tout de même que d’un produit industriel, pas d’une oeuvre d’art unique ! Aspects pratiques : . I/Outre chez vous, où les trouver? Donc dans l’ordre, vide-greniers, conventions de disques, marchands spécialisés, sites (sécurisés) de vente en ligne. Accessoirement dépôts vente, salles des ventes, prospection chez les particuliers... II/Gammes de prix exemples par tranches (en fonction de quels critères?) Difficile de classer par prix, vu la diversité des vinyles. Il y a tout de même deux grandes catégories. La première, que j’ai déjà évoquée, est constituée d’environ 95 % de ce qu’on va trouver sur les vide-greniers. De un à trois euros en très bon état. Généralement la plupart des vinyles de grande diffusion publiés à partir des années 80... Deuxième catégorie, bien plus réduite en quantité, les disques dits de collection, généralement des années cinquante et soixante et quelques collectors plus récents. Difficile d’aller plus loin on entre ensuite dans d’innombrables cas particuliers, ce qui rend d’ailleurs cette collection intéressante... Mon site essaie de traiter le plus de cas possible. III/ Lectures Finalement peu de livres spécifiques à la collection de vinyles. Je conseillerai Daniel Lesueur qui a édité un certain nombre de disques ayant trait aux vinyles. Il existe en France une revue mensuelle «Juke Box magazine» qui édite des argus, hors séries thématiques divers qui est à mon avis la publication la plus pertinente sur ce sujet. Elle n’évoque d’ailleurs que les vinyles «période sixties» ce qui confirme l’intérêt particulier de cette période pour les collectionneurs...En revanche on va trouver facilement de nombreux livres genre «la discothèque idéale» qui recensent les plus belles pochettes de vinyles. Cette thématique de livre a du succès on en trouve de nombreux, j’ai d’ailleurs participé à la création de certains en fournissant des photos de pochettes qu’ils n’arrivaient pas à trouver... IV/ Conseils d’entretien Les mettre sous films plastique, rangés verticalement comme dans une bibliothèque. Nettoyer avec un chiffon antistatique (type lunettes) avec un mélange d'alcool dit à 90° et d'eau distillée en partant du centre du disque vers l'extérieur. Pour les rayures, disques gondolés, malheureusement rien à faire... Pour la pochette si elle est glacée (sinon rien risque d'étalement des couleurs !) frotter avec un papier "essuie-tout" avec de l'eau savonneuse. Essayer avec précaution pour les inscriptions au stylo avec l'alcool à 90°. Garder les étiquettes d'origine (prix de vente original, promos...) mais décoller les autres à la vapeur, bombes «décolle étiquettes» (prix du brocanteur, etc). Surtout interdiction d’utiliser du ruban adhésif, grand ennemi des pochettes de disques ! On peut recoller les pochettes avec des bâtonnets style "Uhu" : passer la colle sur les languettes ensuite serrer la pochette (sans son disque bien sûr) 24 heures sous un poids (j'ai scié deux plaques d'aggloméré que je maintiens serrées à l'aide de petits serre-joints). Attention à la chaleur, stockage et transport en voiture qui peuvent détruire irrémédiablement vos vinyles. Des produits "miracle" sont proposés sur des sites proposant des consommables pour les disques, personnellement comme beaucoup de vinylmaniaques, je m'en tiens aux recettes ci-dessus... |
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