- Finalement, si on prend pour référence le disque vinyle jusqu’à la fin des années 80 on est relativement prudes, du moins en français… Je met de côté la chanson « paillarde et gauloise » ainsi que les disques anglo-saxons que je traiterai à part et suis obligé de débuter cette rubrique par « Je t’aime moi non plus » de Gainsbourg, (1969) archi connu certes mais incontournable si on se remémore l’impact qu’eut ce disque, le fait qu’un grand succès comportait une évocation très explicite de l’acte sexuel… L’épisode précédent des « sucettes » reste malgré tout anecdotique, le double sens de la chanson fit que peu réalisèrent à l’époque son aspect érotique, même la prudente France Gall affectera de « ne pas avoir compris le double sens des paroles à l’époque ». Vont suivre « 69 année érotique » « la décadanse » et d’une façon générale la montée en puissance des éroto-provocations de celui qui devint Ginsbarre… à mon avis il permit par exemple à Polnareff d’oser son « amour avec toi » et obligea même le très conservateur Johnny à commettre son « Que je t’aime »…
- « Sodomie »…Gérard Palaprat se contenta (toujours en 69…) de reprendre en français le texte d’une chanson de « Hair » et là, cela changeait tout… la simple évocation de mots « sodomie », « pédérastie », « masturbation », « flagellation » sur un disque qu’on utilisait comme « slow langoureux » était vraiment, dans mon souvenir en tout cas, une vraie révolution…
- Les deux derniers disques que je présente sont assez révélateurs à mon avis de l’évolution récente des mentalités relativement à la question de la pédophilie. Ils démontrent que finalement ces agressions sexuelles d’hommes adultes envers par exemple des jeunes filles mineures étaient quelque part tolérées, voire excusées et banalisées :
- Marie-Josée Neuville « Le monsieur du métro » (1956) : cette jeune chanteuse, curieuse prémonition du courant yé-yé, dans un style « néo folk » évoque sa rencontre dans le métro avec « un vieux monsieur octogénaire » qui lui tient des propos « pornographiques » et lui tripote « la colonne vertébrale »… Sa maman lui a conseillé « en cette occurrence de ne rien dire » mais en quittant la rame elle passe outre et ose dire à ce monsieur « d’apprendre l’art d’être grand-père »…
- France-Gall et Maurice Biraud « La petite » (1967) : La toute jeune France est constamment harcelée lors d’une fête par « l’ami de son père » (Maurice Biraud), la chose est prise « humoristiquement » en témoigne le refrain « Un jour les oisillons quittent leur nid, les petits deviennent grands, il n’y a plus d’enfant », une sorte d’initiation rituelle à la sexualité par des adultes "expérimentés" pour les jeunes filles (!) On imagine le tollé (finalement justifié) d'indignation si une telle chanson paraissait actuellement.
- Cet « état d’esprit » illustré par ces deux disques explique la relative mansuétude qu’avaient autrefois les auteurs d’actes pédophiles et met en relief la très justifiée évolution répressive actuelle pour ce qui reste, tout de même, un délit criminel… Encore une fois « le vinyle est le témoin de l’Histoire »…
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