Quelques labels de disques
dans les pays de l'Est
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Amiga : RDA
Balkanton : Bulgarie
Melodia : URSS
Pronil : Pologne
Wifon : Pologne
Supraphon : Tchécoslovaquie
RTB (Radio-Televisia Beograd):
Yougoslavie
Jugoton : Yougoslavie
Electrecord : Roumanie
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Ces disques reflètent l’impact de la musique populaire européenne et américaine sur les pays de “l’ex-bloc” socialiste. Il ne faut pas cependant occulter la propre musique populaire de ces pays qui elle aussi sans nul doute mériterait de s’y intéresser... On ne peut pas hélas tout traiter aussi je me suis donc recentré (pour l’instant) sur des thèmes musicaux proches de ceux, déjà très variés, de ma collection. Ils m’intéressent d’abord parce qu’ils ne sont pas vraiment connus en France mais aussi parce qu’ils ont un aspect historique particulier. J’ai pu me procurer tous ces disques grâce à mon cyber ami Georgi Peev que je remercie encore.
L’attrait qu’avait la culture étrangère sans aucun doute était déjà une façon de contester la dictature que subissaient, avec des nuances, ces pays. La musique pop en particulier était considérée comme décadente et l’expression du côté néfaste du système capitaliste. Il est amusant de constater la convergence contre la pop et le rock entre les racistes et fascistes américains à l’égard d’Elvis Presley puis surtout plus tard contre les Beatles... De la droite française du temps du général De Gaulle au tout début des yé-yé (voir "Autopsie d'un vinylmaniaque")...
Georgi m’a indiqué une exception à cette censure : le blues traditionnel US... Ces musiques exprimant la misère des noirs américains face aux “conditions inhumaines de vie de l’état capitaliste” présentaient pour le pouvoir stalinien un côté négatif des USA, elles étaient diffusées sans contrainte. On trouve donc de nombreux disques anciens de blues dans les pays de l’Est. La variété française, semble-t-il, passait bien, surtout certains interprètes comme Yves Montand dont l’engagement communiste à l’époque était loin d’être critique à l’égard de l’URSS, le Parti communiste Français avait alors le vent en poupe... Dans un ce ces curieux disques 25 cm russes d’Édith Piaf en entend “La carmagnole” qui n’a certainement pas été choisie par hasard. Il serait intéressant de traduire les commentaires en russe qui présentent chaque chanson, on serait probablement surpris...
Il faut aussi savoir que jusqu'en 1956, date de la fin du règne de Staline, écouter certaines musiques occidentales pouvait être puni de prison ! Après Staline, la diffusion progressive et au compte-gouttes de la musique occidentale dans ces pays semble suivre la Pérestroika pour exploser en même temps que le mur de Berlin... Elle semble indiquer aussi des variations dans le niveau de censure suivant les pays... L’actualité récente (13/10/06) nous indique que ces questions de censure dans le domaine de l’information sont loin d’être bannies en Russie...
Pour illustrer cette rétention à l’égard de la culture pop-rock Georgi m’a envoyé la photocopie d’un document officiel diffusé par le Komsomol (la jeunesse communiste) dans ce cas d'Ukraine qui faisait partie de l'URSS malheureusement et logiquement rédigé en cyrillique... Cette circulaire officielle destinée aux responsables de boîtes de nuit énumère une longue liste de groupes pop jugés pernicieux pour la jeunesse russe. Laissons parler Georgi : « Cela commence par Black Sabbath qui sont définis comme porteurs de "violence et support des ténèbres religieux" et se termine par Blondie - "Punk et violence".
Et ce n'est pas les annees 50 - c’était en 1985! » (*)
Donc, ces vinyles, comme bien d’autres, portent aussi témoignage, certes de façon un peu anecdotique mais très symbolique, sur une période cruciale de l’Histoire...
Les pochettes sont presque toujours en papier ordinaire ou légèrement renforcé, pratiquement jamais glacé, illustration de la cherté des matières premières et sans doute la recherche d’un prix de fabrication le plus bas possible pour ce qui devait être un produit de luxe. Il est donc rare d’avoir un disque en état EX côté pochette, en revanche les vinyles sont souvent en très bon état, sans doute traités avec soin par leurs utilisateurs.
Vous avez dû constater sur les galeries consacrées à ces disques la présence d’artistes yé-yé français et de certains groupes pop anglo-saxons ultra rares... Il semble que ces enregistrements devaient être bradés à l’époque car n’ayant pas de succès et étaient donc récupérés à peu de frais par certains labels de l’Est. Ce qui nous vaut par exemple de découvrir l’ultra rare “Moustique” des années soixante après sa période Golf drouot “exporté” dans les lointains pays de l’Est ! Certains enregistrements, vu les barrières administratives et juridiques créées par la situation politique de l’époque étaient sans doute loin d’être en règle question copyrights et droits d’auteurs et frisent le bootleg semi-légal. Je pense notamment à un enregistrement live de Chuck Berry dont la prise de son approximative (direct sur la sono) et la non correspondance en occident indique la magouille..
Je termine ce petit laïus en faisant un petit clin d’œil à mon lointain cyber-ami Georgi, sans qui ces pages n’auraient jamais existé et en invitant tous ceux qui pourraient apporter des infos complémentaires, rectifications, etc, à me contacter car cet aspect peu connu des disques vinyles mériterait d’être développé.
(*)Circulaire du Komsomol (URSS) "déconseillant" la diffusion d'interprètes pop anglo-saxons dans les night-clubs (1985).
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