- Lors de ma trentième année, je fumais quotidiennement mes deux paquets de Gitanes "Papier Maïs"... Avec beaucoup d’efforts je suis arrivé à me débarrasser de cette dangereuse habitude début 1980. Je ne peux que vous conseiller d’en faire autant, la santé ça n’a pas de prix !
- Remontons dans le temps, vers les années soixante... Adolescence oblige, il s’agissait avant tout de s’affirmer, d’enfreindre une interdiction. J’entendais parler de gosses de mon âge qui fumaient des queues d’ail à la campagne, ça devait tousser fort... Pour conditionner les très jeunes au tabac il y avait un petit paquet de quatre cigarettes de très mauvaise qualité mais avec un prix très bas : les P4 (photo n° 1) ou Parisiennes. Combien d’addictions ont commencé à l’époque avec ces infâmes cigarettes ? Personnellement j’ai débuté dans le luxe... Le « gros cul» irritait, mes jeunes poumons aussi j’achetais des Flash (photo 2), il est vrai que ma consommation à l’époque était symbolique, je n’avalais pas la fumée, seul comptait le look et ces cigarettes faisaient plus classe que les basiques Gauloises... Cette cigarette était présentée comme « la cigarette des jeunes» ou au choix « La cigarette des sportifs» ! Il fallait oser...
- Summum du luxe j’exhibais de temps en temps de somptueux paquets de Pall Mall (photo 3). Comme les vedettes des films américains, ces «king size» en jetaient auprès de mes copains... Mon oncle de Bordeaux, capitaine d’un bateau du Port autonome en recevait de nombreuses cartouches, échangées avec les bateaux étrangers. La languette dorée fermant le paquet et attestant de sa nationalité et donc de son illégalité était donc soigneusement arrachée...
- Rapidement, et là ma consommation augmentait, je me mis à consommer des « Gauloise» dites « Galuches». C’était la clope basique, la plus fumée, du moins chez les djeuns de l'époque. Le prix était à la fin des années soixante de 1.30 F...
- Le quatrième paquet que je présente pour terminer est pour moi un vrai collector. Il s’agit du survivant d’une cartouche de Gauloises « Troupes» qui me fut remise lors des mes «trois jours» d’incorporation au service militaire en 1970. Lorqu'on fumait ces choses, parfois cela se mettait à grésiller, la fumée devenait bizarre : une petite "buchette" de tabac venait de prendre feu ! Pourquoi ais-je conservé religieusement ce paquet avec ses 20 cigarettes séchées ? Je perçevais sans doute le symbole dans ma vie de ce passage au «service», la fin de l’enfance...
- Là encore, la distribution à tous les conscrits de tabac illustrait cette démarche de l’Etat, bénéficiaire des bénéfices de la SEITA, pour conditionner les jeunes à fumer... Lors du "service" au début je ne conservais qu'un paquet de ma dotation gratuite, je vendais le reste (1 Franc le paquet)... Rapidement, avec l'ennui, la déprime de ce milieu infâme, non seulement je fumais tous mes paquets mais j'en achetais à certains copains... Encore un nouveau drogué pour les bénéfices de la Régie nationale du tabac... Aujourd'hui l'Etat se rabat sur les taxes lucratives du Loto et autres jeux en ligne vu la mauvaise image du tabac, d'une addiction à l'autre...
|
|
|